Intervention sur le règlement d’intervention relatif au spectacle vivant.

En plénière du Conseil Régional (16 octobre 2023), je suis intervenue sur le règlement d’intervention relatif au spectacle vivant, en appelant à une meilleure cohérence dans le déploiement des politiques culturelles régionales avec l’ensembles des autres politiques portées par la Région.

« Par principe, nous soutenons toute politique qui vise à soutenir et accompagner les politiques culturelles de notre région.

Pour deux raisons principalement :

  • D’une part, parce que la culture est un droit : facteur d’émancipation, son accès est un élément vital de notre démocratie.
  • D’autre part, parce que la culture est une économie : la création est aussi une industrie, vecteur de croissance et d’emplois.

Nous saluons la volonté de la Région de soutenir, à travers ce nouveau règlement d’intervention, les projets des opérateurs et opératrices du spectacle vivant, qu’il s’agisse des artistes ou des lieux.

Cette mise à jour du règlement de 2018 à l’aune des enjeux de la transition écologique pose, cependant, un certain nombre de questions et soulève finalement des paradoxes.

Si les éco-conditionnalités, quoi qu’on en pense, fixent un vrai cadre d’attribution des aides financières, nous nous interrogeons sur la portée de la charte d’engagement qui suit.

Elle fixe un ensemble de principes qui viennent percuter d’autres politiques que vous menez par ailleurs, et dont la compréhension même est parfois tendancieuse.

Trois exemples :

1/ Vous demandes à ce que les structures, les acteurs cultures, s’engagent à « recourir aux usages numériques de façon sobre et raisonnée ». Qui détermine ce que sont des usages numériques « sobres et raisonnés » ?… alors même que, par ailleurs, la région accompagne le développement d’outils numériques, y compris dans le domaine des industriels culturelles et créatives (la réalité virtuelle par exemple). Il est nécessaire de sortir de cette logique de politique en silo pour, tout simplement, avoir plus de clarté dans les politiques régionales.

2/ Vous demandez aussi à ce que les opérateurs s’engagent à « contribuer au déploiement d’imaginaires désirables plus soutenables ». Là encore, de quoi s’agit-il ? Est-ce que les spectacles accompagnés par la région doivent répondre à une idéologie ou une philosophie politique ? N’est-ce pas aller trop loin, et sortir, pour le coup, du rôle qui devrait être celui de la Région ?

3/ Les signataires de la charte doivent s’engager à « réduire les impacts négatifs liés aux mobilités culturelles ». Vous le savez, c’est un principe qui ne repose pas exclusivement sur les opérateurs, mais qui stigmatise les territoires les plus enclavés. Aller vers une meilleure équité des territoires, c’est faire du cousu-main, et répondre à un état d’enclavement en proposant une politique de mobilité qui rapproche la culture et le citoyen.

Globalement, il est nécessaire d’avoir une cohérence dans le déploiement des politiques culturelles de la région, avec l’ensemble des politiques régionales dont Néo Terra, mais pas seulement.

Isoler les politiques publiques et la transition écologique de ces politiques, c’est prendre le risque d’aboutir à des paradoxes qui rendent illisibles ces politiques.

Vous écrivez, dans la délibération, que le secteur de la culture est un secteur fragile. C’est une réalité, et c’est la raison pour laquelle nous voterons ce nouveau règlement qui s’inscrit dans les défis de son temps. Mais nous regrettons qu’il n’apparaisse pas véritablement comme un levier d’émancipation. »

 

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