Intervention sur le Pacte Bio

Mon intervention sur le Pacte bio, la nouvelle feuille de route régionales partagée avec les acteurs de la filière de l’agriculture biologique de Nouvelle-Aquitaine qui vise à répondre aux enjeux d’un secteur qui souffre de l’inflation, de la hausse des coûts, et de la baisse globale des achats alimentaires.

« Nous tenons à saluer, bien sûr, la mobilisation des acteurs professionnels et des financeurs pour permettre de fixer une ambition régionale au développement de l’agriculture biologique.

Dans un contexte difficile pour les agriculteurs bio, nous voterons ce soutien de la Région, même si nous souhaitons tout de même formuler trois remarques :

D’une part, ce nouveau pacte d’ambition régionale intervient à un moment critique où l’on constate un recul de l’agriculture biologique.

Et c’est finalement ce constat aujourd’hui qui nous interroge sur, notamment, l’évaluation du pacte précédent : 2017-2022, alors que certains n’hésitent plus à parler désormais d’une filière « en crise ». Baisse des ventes des produits bio, fermeture de magasins et agriculteurs qui ne parviennent plus à commercialiser leur production poussent certains à l’abandon d’une agriculture bio qui était pourtant en plein essor. Le rapprochement avec la nouvelle Chaire universitaire Agriculture Biologique créée à Bordeaux peut être une source d’analyse relative aux enjeux du secteur. Mais ce nouveau pacte 2023-2027 ne peut pas faire l’économie d’une évaluation et d’une étude de la dynamique en cours, pour mieux se projeter vers l’avenir et finalement atteindre des objectifs ambitieux mais réalisables.

D’autre part, alors que la consommation de produits biologiques est aujourd’hui en baisse, l’ambition d’accroître les surfaces en agriculture bio doit inévitablement s’accompagner d’un regain de confiance des consommateurs pour atteindre les objectifs fixés. A ce titre, « Développer la consommation et la promotion de l’agriculture biologique auprès du grand public et des distributeurs », le premier axe de ce pacte, nous semble, être déterminant. C’est un axe qui mériterait une attention particulière, et plus poussée, au-delà d’une campagne de communication et du développement d’un nouveau label, alors même qu’il est avéré que l’abondance des labels ne permet pas d’endiguer cette perte de confiance des consommateurs. Ce serait même plutôt le contraire, si bien que les derniers rapports, qu’ils émanent de think-tanks ou du parlement, recommandent de privilégier la qualité à la profusion des labels, pour finalement mieux informer et rassurer le consommateur sur l’éthique et les contrôles des certifications.

Enfin, le recours à des produits biologiques dans la restauration collective, porté par la loi EGALIM, a un réel effet levier sur la filière, sur sa structuration, mais sert aussi de promotion des produits AB. Et nous notons, avec intérêt, la volonté affichée de travailler à inciter cette pratique dans la restauration privée. A terme, la promotion du bio et du local, plus largement, dans la restauration commerciale et les services de livraison de repas, pourrait également être une piste. C’est aussi une recommandation du CESER qui voit dans la sensibilisation au bio des restaurateurs « traditionnels » une manière de soutenir la production et la consommation de bio local. Dans ce domaine tout reste encore à faire. Mais la réponse à la crise que traverse le secteur se trouve très probablement dans une conjugaison du bio et du local. Et là, dans cette structuration au travers de la mise en relation entre producteurs bio locaux et restaurateurs néo-aquitains, la Région a forcément un rôle stratégique à jouer. »

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